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L'influence du Frère Jérôme

C'est grâce au rayonnement du dynamisme du frère Jérôme, grand ami de Borduas et formateur du peintre Mousseau (murale de l'Hydro), du céramiste Vermette (murale dans le métro) et du sculpteur Germain Bergeron, que j'ai tenté d'intégrer ces différentes correspondances entre les arts en donnant mon premier spectacle solo au Collège Notre-Dame (où le frère André avait été portier).

Il s'agissait plutôt de l'un des premiers happenings ou multimédias annonciateurs de la contre-culture flower power des années soixante. Autant le monde clérical avait pu bâillonner ma créativité, autant le frère Jérôme m'aura permis de la libérer. Sa méthode consistait d'abord dans la gratuité, c'est-à-dire dans la libération des émotivités, puis dans la recherche de l'inconnu, et enfin dans la recherche de sa personnalité et la prise de possession de sa créativité.

Pour lui, comme je l'écrivais dans la revue Parti pris en 1967 : « L'art est avant tout l'expression spontanée de l'âme humaine avant d'être la réalisation d'une conception. » Je me rends compte aujourd'hui combien l'engagement du frère Jérôme fut la piste d'envol de toute ma carrière d'artiste. Ce saint homme, souvent secret, discret, parfois un peu marabout et parfois explosif, fut l'un des premiers Québécois à faire éclater les formes, à défoncer l'inconnu, à prendre charge de la dimension psychologique d'un peuple convulsif, à piocher son destin comme un bolide dans le cosmos, à ne se soumettre qu'à la loi du risque, qu'à la loi de la liberté.

Sans sa confiance, sans son encouragement, je n'aurais jamais osé faire ce happening au collège Notre-Dame en 1965. J'y récitais, chantais et hurlais des poèmes, jouais de la trompette et du piano, garrochais de la peinture phosphorescente sur des tôles galvanisées, distribuais des tuyaux d'orgue en plomb et en bois aux spectateurs, suscitant leur participation. Propulsé par cet événement, je récidivais à la Galerie Les Écores à Duvernay, où j'exposais mes encres, mes huiles, mes sculptures faites de tuyaux de poêle chromés, d'éléments de cuisinière soudés, de tissus et ferrailles hétéroclites et de curieux cadres où j'avais disposé et collé des os de T-Bone et des Smarties!

(Tiré de Réveiller le rêve, Raôul Duguay, Éditions Trois-Pistoles, 1996, pages 76-77)

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